• Un cas de rhotacisme en breton central

    From Jeannotin@21:1/5 to All on Wed Jul 4 13:49:23 2018
    Le rhotacisme du l est très fréquent dans l'idiolecte de E., une locutrice de Scrignac dont le breton est très riche en vocabulaire, avec une phonétique d'une grande authenticité :

    Mer'n eint un tamm, an hariko blij dê kaoud amzer tomm
    Ils sont un peu jaunes, les haricots aime avoir du temps chaud http://brezhoneg-digor.blogspot.com/2015/09/ur-gouel-war-ar-patates.html

    Ha hañw 'h o(be)r ur paotr-plous hag a lakad 'naoñ barzh beg e skuber'nn
    Et il fit un mannequin de paille et le mit au bout d'un balai http://brezhoneg-digor.blogspot.com/2015/10/kontadenn-yann-ar-choat-bras.html

    Laket vije un tamm plous, houzoh walc'h, mod-all chome, an dra-he oa 'vid lak(ad) ar men-hegor'nn !
    On mettait un peu de paille, vous savez bien,, c'était pour mettre la pierre à aiguiser
    http://brezhoneg-digor.blogspot.fr/2016/06/te-zo-ur-mercheter-vall.html

    Les formes sans rhotacisme sont : melen (jaune), skubellenn (balai), men-hegolenn (pierre à aiguiser).

    Le rhotacisme du l de holen (le sel) est déjà évoqué par Francis Gourvil dans son Que sais-je paru en 1952.

    --- SoupGate-Win32 v1.05
    * Origin: fsxNet Usenet Gateway (21:1/5)
  • From Jeannotin@21:1/5 to All on Wed Jul 4 13:48:08 2018
    En parler de Cléden-Poher, il est fréquent que dans la séquence : voyelle accentuée + [l] + voyelle atone + [n], la voyelle atone disparaisse et que le [l] subisse un rhotacisme. On a alors la séquence : voyelle accentuée + [ʁ] + [n]. Je suppose
    que ce fait peut s'expliquer par l'absence de la séquence de son [ln] en breton (s'il existe des mots qui la contiennent, merci de me corriger !). On remplace alors le [l] par le son le plus proche qui peut être suivi d'un [n] en breton : le [ʁ].

    De nombreux noms communs sont touchés par ce phénomène. J'ai enregistré ar gar'n (le coeur) pour ar galon ailleurs :

    Ya, vis(e) tenn(et) ar, e gar'n deuhoutoñ kwa https://brezhoneg-digor.blogspot.com/2015/10/dir-dir-dir-pa-na-dorr.html ( vers 0:36)
    Oui, on lui retirait le, son cœur quoi

    Je sais pour l'avoir noté sous dictée, mais pas enregistré qu'on dit également :
    mer'n pour melen (jaune)
    an hor'n pour an holen (le sel)
    ker'n pour kelen (houx)

    Ce qui montre de façon frappante la force de phénomène, c'est qu'il touche jusqu'aux toponymes :

    ba'r wantell ahe gis-s(e), deus Langanteg dé vek(ed) ar Stêr Var'n (à écouter ici, vers 3:12)
    dans la vallée, là même, de Langantec jusqu'à Stervalen

    La forme française, qui représente sans doute la forme étymologique, du nom ar Stêr Var'n est Stervalen.

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    * Origin: fsxNet Usenet Gateway (21:1/5)