En parler de Cléden-Poher, il est fréquent que dans la séquence : voyelle accentuée + [l] + voyelle atone + [n], la voyelle atone disparaisse et que le [l] subisse un rhotacisme. On a alors la séquence : voyelle accentuée + [ʁ] + [n]. Je suppose
que ce fait peut s'expliquer par l'absence de la séquence de son [ln] en breton (s'il existe des mots qui la contiennent, merci de me corriger !). On remplace alors le [l] par le son le plus proche qui peut être suivi d'un [n] en breton : le [ʁ].
De nombreux noms communs sont touchés par ce phénomène. J'ai enregistré ar gar'n (le coeur) pour ar galon ailleurs :
Ya, vis(e) tenn(et) ar, e gar'n deuhoutoñ kwa
https://brezhoneg-digor.blogspot.com/2015/10/dir-dir-dir-pa-na-dorr.html ( vers 0:36)
Oui, on lui retirait le, son cœur quoi
Je sais pour l'avoir noté sous dictée, mais pas enregistré qu'on dit également :
mer'n pour melen (jaune)
an hor'n pour an holen (le sel)
ker'n pour kelen (houx)
Ce qui montre de façon frappante la force de phénomène, c'est qu'il touche jusqu'aux toponymes :
ba'r wantell ahe gis-s(e), deus Langanteg dé vek(ed) ar Stêr Var'n (à écouter ici, vers 3:12)
dans la vallée, là même, de Langantec jusqu'à Stervalen
La forme française, qui représente sans doute la forme étymologique, du nom ar Stêr Var'n est Stervalen.
--- SoupGate-Win32 v1.05
* Origin: fsxNet Usenet Gateway (21:1/5)